Retrouvez ci-après le récit complet de cette aventure !
Dimanche 19 janvier
Il y a un an nous quittions l’Eluiset en route vers l’inconnu d’une course de championnat du monde. Nous avons passé une semaine incroyable aux côtés de l’équipage Martin Lemaire/Philippe Barboni.
Admirablement secondés par nos talentueux ouvreurs Jérôme Dou/Anthony Garin-Davet.
Remarquablement assistés par Aymeric et Manu de WPA Racing.
Merveilleusement portés par une Team Supporters dont vous avez peut-être fait partie.
Lorsque les engagements de cette course mythique ont été ouverts début décembre avec 10 jours de retard, on y croyait déjà presque plus mais toujours dans l’euphorie de ce que nous avions vécu on a pas réfléchi une seconde et envoyé notre demande d’inscription. Si nous nous doutions bien du huit clos imposé au parc nous pensions sincèrement qu’avec la réouverture annoncée des restaurants le 20 janvier le reste de notre course aurait un semblant de normalité et qu’on aurait le bonheur de revivre le MC 2020 en mieux.
Ces dernières semaines nous avons reçu des dizaines mails de l’organisation nous annonçant chaque jour de nouvelles restrictions, des tonnes de dossiers à remplir, dimanche dernier le coup de grâce avec l’annonce d’une deuxième spéciale annulée par le couvre-feu à 18h (déjà une première supprimée à cause du couvre-feu à 20h).
Le moral en a certes pris un coup mais la copinothérapie a fait son œuvre : Jérôme m’a soulagé du dossier comprenant 34 dossiers de 57 pages à remplir dans la semaine pour la covid, les amis ont relevé les cœurs avec des encouragements, des messages drôles et touchants…bref nous sommes sur la route, avec le sourire et prêts à vivre cette nouvelle aventure comme il se doit, couettes hautes.
Greg a pris beaucoup de plaisir lors de la séance d’essais de la Clio Diabolique et nous avons rapidement retrouvé nos marques. Il n’avait pas eu l’occasion de piloter depuis une année mais il assure toujours autant.
Anthony n’étant pas disponible cette année (tu vas nous manquer mon Tony), nous avons demandé au non moins talentueux Greg Martinet d’être notre deuxième ouvreur.
Nous savons que l’année a été compliquée pour tous et bien que très touchés par la générosité de nos partenaires l’an passé nous avons fait le choix de ne démarcher personne cette année et souhaitons à tous une meilleure année 2021.
Quand à vous fidèle Team Supporter nous partageons votre déception de ne pas pouvoir assister de près à la course…les messages que nous avons déjà reçu nous touchent encore plus cette année et ils nous porteront pendant l’épreuve.
Nous ferons tout notre possible (et il faudra bien tout ça car le plateau pilote est conséquent), pour être dans les 50 premiers et avoir la chance de rouler dimanche.
Nous sommes convoqués aujourd’hui à 14h aux vérifications administratives à Gap, après quoi nous reprendrons la route pour rejoindre notre hôtel à Annot qui se trouve à 15 minutes de Puget-Théniers où nous débuterons les reconnaissances demain à 7h30.
Nous vous souhaitons un bon dimanche.
Dimanche 26 janvier
Une semaine tout juste que je vous écrivais notre long message de départ. Asseyez-vous confortablement pour lire ce message d’arrivée…
Quand nous avons quitté l’Eluiset la semaine dernière nous étions encore remplis de doutes quant à ce que nous nous apprêtions à vivre…on était inscrits alors on y allait…
Alors que nous prenons la route du retour il n’y en a plus aucun : cette semaine a été aussi surprenante qu’incroyable, elle aurait pu être parfaite…elle a été merveilleuse!
Nous rentrons certes déçus de ne pas voir le port de Monaco mais nous avons la tête pleine de bons souvenirs et le cœur tout chaud d’émotions.
Les trois jours de reconnaissance nous ont permis de découvrir encore de très belles routes et de magnifiques paysages de notre beau pays. Nous avons abordé la course assez sereinement car bien préparés et très soutenus de toutes parts.
Au départ de l’ES1 on faisait quand même pas les fiers mais dès les premiers kilomètres Greg pilotait sereinement, à l’attaque sans en faire trop, je lui dictais les notes avec beaucoup plus de calme et d’assurance que l’année dernière et en passant la ligne d’arrivée sans même connaître notre chrono, nous étions très joyeux de ces 20 km de spéciale! Sur le routier nous conduisant à l’ES2 nous avons fait le choix de ne regarder ni les nombreux messages qui arrivaient déjà, ni le classement de cette spéciale afin de garder la tête froide pour le deuxième départ.
Nous redoutions beaucoup cette ES qui en reconnaissance nous avait demandé plus d’une heure pour la prise de notes et que nous avions jugée pleine de pièges. Nous pensions les avoir tous bien identifiés (…).
La portion la plus délicate de trouvait moins de 2 km après le départ sur environ 1,5 km de slalom entre les arbres et les maisons sur une route très étroite et toute verglacée. Une fois ce passage effectué brillamment on soufflait en raccrochant la grande route et la portion très rapide que Greg affectionne particulièrement. Les grandes allonges, la prise de vitesse…c’était vraiment excellent…sauf qu’au passage de ce qui nous avait semblé être une insignifiante compression en reconnaissance à moins de 80 km/h (nous sommes très surveillés sur ce point et tout dépassement sévèrement puni) la Diabolique lancée à environ 140 km/h a décroché de l’arrière et nous sommes partis en tête à queue pour finir dans le mur à gauche du coup de mon côté où je m’attendais à un choc violent contre la porte et finalement non : c’est la roue ARD qui a tapé contre le mur et notre pirouette s’arrête là…la voiture redémarre et lorsqu’on reprend le départ on sent que la roue ARD se décroche. Conscients que ça allait être compliqué puisqu’on avait fait que 4 km environ sur les 20 à parcourir on tente quand même en roulant très lentement de continuer le parcours…moins d’un km plus loin notre Diabolique devenue inconduisible puisque sans frein et sur 3 roues engendrant un second tête à queue nous choisissons à contre cœur mais raisonnablement de nous garer sur le bas-côté et d’abandonner la course pour cette première journée…pourtant bien résolus à tout tenter pour repartir en super rallye le lendemain.
Lorsque la spéciale a été terminée et alors que nous attendions Aymeric et nos fidèles assistants notre première incroyable rencontre est arrivée : 2 jeunes gens nous ont rejoint à pied, nous expliquant qu’ils avaient retrouvé notre roue car après nous avoir vu arriver sur 3 roues ils s’étaient doutés qu’on allait la chercher. Ils sont retournés en arrière, sont descendu environ 10 mètres en contre-bas de la route pour la récupérer, ils ont marché presque 1 km jusqu’au village suivant où épuisés ils ont caché la roue sous un tas de neige afin qu’on ne nous la vole pas et sont venus à notre rencontre pour nous prévenir.
Je suis retournée avec eux pour voir ce qu’on pouvait récupérer et ils ont à nouveau porté la roue sur 1 km en retour pour qu’on la remmène avec nous à Gap…incroyable !
Aymeric est arrivé en m’expliquant qu’il avait déjà commencé à retourner la moitié du Sud de la France pour nous trouver un train AR, qu’il ne l’avait pas encore mais qu’il faisait tout son possible.
De retour à l’assistance beaucoup de questions sur la possibilité de réparer…hormis le train AR sévèrement tordu il y avait aussi pas mal de travail en carrosserie (…).
Après avoir retourné l’Eluiset pour contacter mon frère qui a contacté son collègue sur place à Gap afin de nous confirmer qu’en réparant juste le train AR et un minimum de rafistolage en carrosserie nous serions bien autorisés à reprendre le départ…sous condition que la voiture soit présentée avant l’heure limite de 01h04…
Aymeric ayant retourné le Sud jusqu’à Marseille où un concurrent que nous avions dépanné l’année précédente a immédiatement accepté de nous « prêter » le train AR qui était sur sa voiture mais pour lui impossible de nous le démonter ni nous l’apporter car sortant juste d’une opération…
Hésitation…
Brève cependant car déjà 20h à la pendule : nos infatigables ouvreurs ont sauté dans la voiture, armés de quelques outils et d’une certaine détermination ils ont rapporté la pièce en un temps record!
Aymeric et Anthony à l’assistance avaient déjà tout préparé et la Diabolique est rentrée au parc fermé autour de minuit prête à repartir pour le lendemain : incroyable !
Après une courte nuit surtout pour les ouvreurs, chacun a repris son poste et nous partions pour l’ES3…pas fiers je l’avoue car moins confiants que la veille et nous sentant un peu « redevable de réussir » pour faire honneur à la fantastique équipe qui nous accompagne.
À peine les quelques kilomètres du départ entamés dans le brouillard j’ai senti que nous étions bien, concentrés, appliqués, on était comme dans l’ES1 la veille! Arrivés au col de Carabès : neige et verglas que nous redoutions et savions bien au rendez-vous…Greg glisse, joue du frein à main et ça enfile (…). Dans les premières épingles de la descente dans le faisceau de la rampe de phares car il faisait encore bien nuit, j’aperçois des spectateurs et je ne vous cache pas mon émotion en les voyant à chaque épingle nous encourager, un peu plus loin d’autres aident un concurrent piégé dans le bas-côté : incroyable!
Malgré toutes les interdictions ces passionnés de rallye ont dû marcher des heures pour rejoindre la spéciale clandestinement, mais ils sont là !
À l’arrivée de cette ES nous sommes joyeux, comme la veille nous choisissons de rester dans notre bulle.
Sur le routier on s’arrête changer 2 roues comme nous l’avions prévu et on s’aperçoit que l’une d’elle n’est pas assez gonflée…on roule jusqu’au village de la Motte Chalancon où se trouve un tout petit garage avec un patron très sympathique qui s’occupe de notre roue…on est toujours en course et prêts pour l’ES4!
Spéciale difficile car Route complètement démontée…on est à l’arrivée !
En route vers l’ES5! Spéciale non moins difficile avec une Diabolique qui refuse de dépasser 4500 tr/min…Tant pis on est à l’arrivée !
À l’assistance Aymeric et Anthony réparent notre problème de coupure (dû à la sortie de la veille qui a endommagé un capteur de roue) et nous repartons pour l’ES6 où nous nous étions quand même bien amusés le matin. Au bout de quelques km, panne du dégivrage de pare-brise, Greg parvient malgré la buée à nous emmener à l’arrivée.
Sur le routier Aymeric au téléphone m’indique où se trouvent le relais et les fusibles…nouvel arrêt chez notre garagiste préféré qui nous donne un relais tout neuf et dépanne la ventilation indispensable puisqu’il pleut des cordes !
ES7 en liaison suite à la sortie de route de Loubet…on est un peu tristes au départ mais au bout de quelques kilomètres quand on découvre des routes ravagées et qu’on manque de sortir deux ou trois fois on se dit que c’était peut-être mieux ainsi…
Sur l’interminable routier de 120 km au retour alors que je félicite et remercie mon Mari pour son excellent pilotage du jour il me dit que si je veux continuer à rouler en championnat du monde pour une prochaine épreuve il préférerait des meilleures conditions météo…un rallye où il fait beau (…).
Après une excellente soirée avec l’équipe et quelques valeureux amis haut savoyards nous faisant la surprise de nous rejoindre, nous repartons hier matin sachant qu’il serait impossible d’être classés dans les 50 mais bien déterminés à nous amuser pour cette dernière journée avant de rejoindre le port de Monaco.
En arrivant au parc nous découvrons l’apocalypse et le chantier laissé par le passage d’une tempête dans la nuit.
En route pour l’ES9 annoncée enneigée et verglacée nous sommes heureux de retrouver cette spéciale où nous nous étions bien amusés l’année précédente même si la deuxième moitié du parcours était modifié cette année.
En moins d’un kilomètre nous trouvons la neige et le verglas, comme la veille Greg gère parfaitement la glisse sur la première portion de petite route enneigée puis nous rejoignons une plus grande route où l’adhérence est bien meilleure et où on retrouve de bonnes sensations de vitesse…jusqu’à ce fameux virage droite referme où on glisse sur une plaque de verglas, Greg tente le tout pour le tout avec un frein à main qui nous remets dans le bon axe mais quelques centimètres de route manquent sous la roue ARG et nous partons en tonneau dans le ravin…heureusement nous étions presque à l’arrêt lorsque la voiture bascule donc pas de choc violent. Après un tonneau la Clio s’immobilise contre un arbre. Nous reprenons rapidement la tête froide…petite pensée pour Philippe et Martin lorsque je me rappelle enfin qu’il faut appuyer sur le bouton OK du traqueur afin de prévenir la direction de course à 55 secondes (après une minute arrêt du véhicule et sans alerte à la direction de course nous prenons une lourde amende).
Nous descendons…enfin plutôt nous montons pour sortir de la voiture dont nous choisissons de ne pas donner de photos mais pour vous situer je me suis sentie comme Géraldine Chaplin aux côtés de Louis de Funès dans le film sur un arbre perché…
Après un peu d’escalade pour remonter sur la route, difficile de ne pas nous effondrer moralement : notre fabuleuse aventure s’arrête définitivement ici…cœurs et âmes tristes même si nos vielles carcasses sont indemnes ce qui est évidemment le plus important!
Après que l’hélicoptère de la course nous ai localisés nous sommes rejoint par d’adorables commissaires dont Éric qui s’assure que nous allons réellement bien, il me couvre avec sa parka pendant que son collègue part chercher leur voiture pour me mettre au chaud, il ne cesse de nous dire son admiration pour nous, petit équipage amateur sans prétention qui osons défier cette mythique course et nous remonte le moral en attendant nos incroyables ouvreurs toujours présents, qui parviennent à nous rejoindre dans la spéciale.
Aymeric et Anthony nous attendent déjà en bas de la spéciale pour nous récupérer !
Malgré l’insistance des commissaires présents nous devons attendre la fin du deuxième passage pour nous faire dépanner.
7h d’attente en tout pour nous….heureusement soutenu par nos ouvreurs, les commissaires et vos nombreux messages auxquels il m’était impossible de répondre à cause du réseau quasi inexistant et de ma batterie qui se vidait à vue d’œil avec le froid.
Nous avons cependant été aux premières loges pour voir nos concurrents dans l’ES11 : magique !
Lorsqu’on sort enfin notre Diabolique de son piège grâce à un excellent dépanneur, on quitte avec émotion nos commissaires devenus en l’espace de 7h presque des amis, Éric nous souhaitant de lui faire l’immense plaisir de nous revoir sur les routes du MC un jour…
La voiture chargée nous réalisons que notre incroyable Équipe a déjà tout organisé : logement annulé à Monaco par Jérôme, nouveau logement prévu à Gap chez notre ami Jmi, les filles, Maman et Céline ont déjà fait les lits, montés nos valises, organisé le repas du soir et tous nous accueillent avec le sourire et une chanson festive qui en plus de nous émouvoir nous a rapidement rendu nos plus beaux sourires…l’essentiel est là : nous avons vécu une semaine incroyable et inoubliable !
Nous remercions toutes les personnes qui ont suivi notre aventure, en espérant qu’en ces temps difficiles où nous manquons tous cruellement d’amusement nous aurons partagé un peu de notre grand bonheur.
Merci à mon cher Mari de m’avoir permis de réaliser un nouveau rêve à ses côtés.
Merci à Aymeric WPA de nous avoir permis de prendre ce nouveau départ, à lui et Anthony pour leur parfaite gestion de la Diabolique.
Merci à Jérôme et Greg nos fabuleux ouvreurs avec qui nous avons joyeusement signé un nouveau contrat en cas d’une future participation à n’importe quelle autre course hier soir.
Merci à Pierre et SPA racing pour les magnifiques vestes et combinaisons et surtout pour son soutien et sa présence sur place pendant toute la course.
Merci à Raphaël DECOLINE pour la belle déco de la Diabolique.
Merci au GARAGE JACQUET pour le prêt de la voiture qui a servi aux reconnaissances et aux ouvreurs.
Merci à Crystal et Ambre nos incroyables filles, supportrices et relève assurée.
Merci à Maman pour son implication et ses encouragements bien que détestant la vitesse excessive.
Merci à Jmi pour la logistique et l’accueil des réfugiés monégasques hier.
Merci à Céline, Julie et Philippe d’être venus nous soutenir sur place bien que privés de spéciales. Mentions particulières à mes chères amies pour les soins apportés aux vieilles carcasses de notre équipage.
Merci à Damien et Jérôme pour m’avoir permis de quitter le garage l’esprit serein.
Merci à Philippe Gavard pour l’article du Dauphiné.
Merci à chacun d’entre vous pour tous les messages reçus : c’est juste incroyable pour nous!
J’espère que vous n’aurez pas dormi avant la fin de cet interminable message qui m’aura pris plusieurs heures.
Nous vous souhaitons un bon dimanche et vous embrassons tous bien fort.
Sophie et Greg DIZIER